Linguistes   et  lecture du rongorongo

Par Lorena Bettocchi

 

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Chapitre V

 

Epigraphie, histoire des tablettes et interprétation

 Docteur  Steven Fisher, linguiste

Ouvrage de référence: The Easter Island Script, History, Traditions, Texts.  Clarendon Press 1997 

 

Roger Stephen Fisher fut d’abord éditeur à titre particulier et commença par publier ses collègues de la EIF. Puis le Rapanui Journal lui renvoya l’ascenseur en publiant ses premiers travaux. A son actif, un travail considérable : il a lu et analysé, durant de nombreuses années  les études sur le rongo-rongo de ses prédécesseurs. Mais il dut faire face  à la  presse et  aux Rapanui contre lui car tout d’abord sur le Rapanui Journal puis au cours d’un symposium international  à Albuquerke  en  1997, il exposa  plusieurs  théories qui contrarièrent pas mal de scientifiques français sur une page du journal Le Monde,  et  les linguistes polynésiens. Voici ses conclusions :

1770 * L’expédition espagnole de Gonzalez de Haedo annexe l’île à la Couronne d’Espagne : au cours de la cérémonie les Pascuans auraient signé le traité en imitant les Espagnols puis auraient continué en créant une écriture.   

1886 *    D’après un  chant de la création, c’est-à-dire un  rongo d’Ure Vae Iko dont le titre est Atua Mata riri,  traduit et corrigé par Alfred Métraux,  repris par Stephen Fisher qui  rapprocha :

·         le chant de  Ure Vae Iko qu'il réinterpréta à nouveau, comme contenant un certain nombre des copulations  cosmogoniques,

·         et  le bâton de Santiago  -qui est selon les  Rapanui, est un bâton du Maori Rongorongo-

         Le linguiste nord-américain  tenta de démonter que les copulations cosmogoniques du chant Atua-mata-riri auraient pu être écrites de la même manière sur le bâton de Santiago par des segments de forme phallique, et selon les mêmes rythmes. Alex du Prel dans Tahiti Pacifique Magazine titre : L’écriture rongorongo décryptée. Evidemment elle est phallique  Le Jounal le Monde n’est pas tendre avec le chercheur…

Sans l’avoir recherché, toutes mes conclusions sur le chant Atua Mata riri de Ure Vae Iko présentent des  hypothèses différentes, j’en suis désolée pour mon collègue car en 1997, Steven m’écrivait une gentille lettre,  en réponse à la mienne qui lui annonçait que je cherchais également dans la tradition orale. J’ai eu raison car les lépreux nous ont montré quelque chose sur  la structure du rongorongo.

Voici  donc des  avis  différents  suite à mes recherches en histoire et en luinguistique :

·         s’agissant de l’expédition de 1770, selon les documents de Gongalez de Haedo et Aguerra Infanzon,  le capitaine et les officiers de l’équipage  furent  bien au courant que les Maoris qui peuplaient l’île pratiquaient bien une langue austronésienne et possédaient  leur propre écriture : " y de firmar con sus caractères nativos" il leur fut demandé d’apposer leurs signatures  Lettre du 19 novembre 1770 du Capitaine Gonzalez de Haedo. Voir 4e Jornada de Historia Maritima  de Valparaiso 2006 sur www.isla-de-pascua.com.

·         S’agissant du  chant Atua-mata-riri  la sémantique ne correspond  pas  au Bâton de Santiago, mais bien à la petite de Washingon  (rongo de Ure Vae Iko sur www.rongo-rongo.com) : l’Ancien chante sur des sections de la tablette. Kaitae devant Thomson récitera de la même manière.

S’agissant des signes de forme phallique,  nous pensons à présent qu’il s’agit plutôt de verbes ou de prépositions http://www.rongo-rongo.com/methode-lorena-bettocchi.html  

 Nous avons une autre manière de concevoir le rongo  tau qui à l’origine est un chant, nous interprétons tout différemment le chant qui parle de la grande récitation des signes et de Timo le lecteur  Timo te ako-ako

Enfin  une dernière recherche sur le bâton de Santiago (item I)  me rapproche davantage de Philippi qui fut conservateur du Museo de Historia Natural de Santiago que de Steven Fischer : le bâton comporte 15 sections et la dernière est non boustrophédon : donc il faut reprendre Fischer et Barthel à ce sujet. 

Je me suis donc mise en rapport avec Steven Fischer, qui est un homme courtois et avisé.  La recherche sur le rongorongo ne peut pas continuer sans une étroite collaboration avec lui. Et si nous avons des avis contraires à partager, nous devons le faire pour l’avancement de cet immense et délicat chantier qu’est le rongorongo.

 http://www.ile-de-paques.com/le_baton_de_maori_rongorongo_de_santiago_du_chili.htm

A l’actif de Steven Fisher, son dernier ouvrage est un admirable outil de travail pour tous les chercheurs sur le rongorongo et reprend l’histoire des tablettes ainsi que toutes les différentes publications sur chacune  d’elles, de Métraux à Drake,  en passant par Steven- Chauvet ;   en épigraphie pure,  il  révise le répertoire de Barthel avec seulement 3% d’erreurs  cette fois-ci, selon Raymond Duranton, membre de la commission rongorongo du CEIPP. Des années de travail et lorsqu’on travaille sur le rongorongo depuis autant d’années ; 1992 pour lui et pour moi, on ne peut que s’estimer mutuellement.

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Philologie : Lorena Bettocchi  LA PAROLE PERDUE Tahiti 1998 – 75 Euros port compris, papier recyclé. Classé parmi les livres rares (petite édition). Il reste encore quelques exemplaires dans les librairies de Tahiti ou chez l’auteur. N’est plus en vente chez Hachette Pacifique.

parole_perdue lorena@rongo-rongo.com

Depuis 1992 en Polynésie Française, puis en France et au Chili,  j’étudie le rongorongo durant 14 ans puis je commence à  apporter des conclusions.    Au Chili, nous avons constitué un groupe de liaison avec les Pascuans et l’Alliance Française. Le délégué culturel de l’Ambassade du Chili suit mes travaux. Aidée par des Polynésiens et des scientifiques chiliens ou français,  brillants et vigilants :

Tout d’abord l’archéologue Pascuan Sergio Alejo Rapu qui veille à l’avancement de nos recherches à tous. « Des études minutieuses ont été faites sur le rongorongo mais elles ne sont pas exhaustives. Lorena détient des informations capables de mettre en lumière notre ancienne écriture ». Ceci fut déclaré  devant Olivier Jonneman, reporter  de RFO Nouvelle Calédonie qui m’avait choisie pour parler du rongorongo  et ainsi participer à l’iconographie du film Les écritures de l’Ocean. Je ne connaissais pas Sergio Rapu, je ne l’avais rencontré qu’une fois, avant le film : il évalua mes recherches librement devant la caméra, en toute objectivité sans aucun faire-valoir. Pourquoi donna-t-il sa version ? Parce qu’iI  s’agit de sa culture, parce qu’il est Miru et que la proto-écriture fut gardée dans sa famille, parce que c’est la culture profonde des siens.  Le Pascuan veille au grain car c’est l’une des personnes les plus  instruites  dans ce domaine. Il est possesseur du double de volumes que j’ai archivés à la DIBAM de Santiago à ce jour et dont je suis l’auteur et envisage de me confier le laboratoire rongorongo de son futur Musée-Centre de Recherches qui ouvrira ses portes en 2009.

Je fus aidée par le Docteur Alfredo Cea, spécialiste de l’Ile de  Pâques et en archéologie marine (Livre Les Poissons de Polynésie, avec Raymond Bagnis) qui me donna la possibilité de consulter son fonds documentaire d’Histoire dans sa maison de Coquimbo. Ensuite par le Musée Maritime de Valparaiso qui détient un important fonds documentaire sur Rapanui. Des femmes discrètes m’aidèrent à traduire, le professeur Sazco également.

Mes études ou thèses  restent  donc honoris causa, faute de personnes ayant une connaissance profonde du rongorongo et de tout ce qui est, ou tout ce qui fut publié, pour monter un véritable projet avec les Pascuans eux-mêmes.  Mais cela a au moins un avantage : le copyright de mes recherches n’est partagé qu’avec le peuple polynésien, notamment les enfants qui  détiennent  un droit inaliénable  sur leur écriture et leur base de données polynésienne.

 Voici mes sites didactiques, toujours en restructuration. 

www.rongo-rongo.com   www.ile-de-paques.com www.austronesien.com en français

www.isla-de-pascua.com en espagnol et www.isola-di-pascua.com en italien

 Je suis le webmaster de www.ile-de-paques.com qui comporte liens et pages en linguistique.

Mes recherches sont déposées à vie à la DIBAM Registro de Propriedad Intellectual, Direccion de Bibliotecas Archivos y Museos  de Santiago du Chili sous la rubrique Rongorongo Estudios y tesis numéros : 161013 – 161 587 – 161 598 – 167 581 – Aux archives territoriales de Tahiti, aux Musées avec lesquels je collabore et en dernier lieu au  Musée du Quai de Branly, avec les publications respectives.  J’ai donc effectué, avant et durant mon séjour au Chili des recherches  approfondies  sur   l’histoire des tablettes,  la structure morphologique de l’écriture, sur les manuscrits en linguistique et sur les pierres en épigraphie enfin sur l’écriture complète du baton de Maori rongorongo qui se trouve au Musée d’Histoire Naturelle de Santiago.

 Mes publications  en 2006-2008  témoignent de recherches inédites…

 exhaustives uniquement en ce qui concerne  quelques pierres avec écriture ressemblant au rongorongo : l’épigraphie est une science exacte (ces pierres sont à classer en dehors du corpus classique). Mais je ne rédige pas les conclusions en archéologie. C’est le travail des spécialistes.

Discussion : lorena@rongo-rongo.com

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J’ai à présent  le plaisir de présenter les travaux de Catherine Orliac :

Datations et analyses utiles :

Catherine Orliac, botaniste CNRS France

Dans la revue d’archéologie Oceania numéro 40 de 2005, la scientifique Catherine Orliac, spécialiste de l’Ile de Pâques, publia ses études sur l’analyse du bois des tablettes. Cet aspect archéologique est bien utile, il nous concerne et  vient compléter les banques de données des linguistes, car  les indications publiées sur le bois des tablettes  furent  erronées dès le départ : bois d’hibiscus intelligents (Jaussen), miro, myrthacées, toromiro  (guides Laperson, Fisher, Guy) etc.

Les analyses avaient commencé en 1934 à Vienne et  furent  freinées jusqu’en 1996, faute de collaboration des Musées propriétaires des tablettes. Actuellement, Catherine Orliac tente de tout revoir et  nous livre à ce jour des informations exactes concernant une datation (une seule malheureusement)  et l’essence des bois.

Neuf objets sont en Thespesia populnea (bois de rose d’Océanie) appelé Makoi par les Rapanui, arbre sacré, arbre des rois :

 

·         deux tablettes du Museo de Historia Natural de Santiago, la petite et la grande

·         deux tablettes du Museo de SS CC de Picpus, la Mamari et la Aruku kurenga,

·         la petite  tablette du Musée Pierre le Grand de Saint Petersbourg

·         la petite tablette  et l’un des rei-miro du British Muséum de Londres

·         les deux fragments du Musée de l’homme de Vienne

 

 

            De plus Catherine Orliac porte à notre connaissance que l’analyse spectrométrique du bois de la petite tablette de Saint Petersbourg donna pour datation : 1680-1740, un arbre conservé en pleine période de déforestation.

 

            Nous connaissons l’essence de la Tahua (item A) : Fraxinus excelsior ou frêne européen. Les bois signalés par mes collègues dans leurs tableaux ou listes sont à considérer avec prudence, ainsi que les dimensions ou le nombre de glyphes. Ce sont des données incertaines, non vérifiées, copiées et recopiées, publiées et publiées à nouveau, selon les habituelles compilations. Seules les données de Catherine Orliac sur les bois sont exactes.

 

 

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J’ai également le plaisir de présenter les travaux en épigraphie de la commission rongorongo du CEIPP

 

 

 

 

Epigraphie :

 

 

Un grand pas en avant grâce à la commission rongorongo du CEIPP

 

 

 

 

            Le commission rongorongo du CEIPP, durant de nombreuses années  s’est consacrée à la révision  du  répertoire de Th. Barthel et de Steven Fischer et a reclassé les figures par familles ainsi que par fréquence. J’attendais avec impatience une nouvelle codification car un signe tourné vers la droite, n’a pas les mêmes significations  que ce même signe tourné vers la gauche.  Les figures  furent décomposées par Barthel,  alors qu’elles doivent être répertoriés comme elles  apparaissent dans leur contexte,  afin de ne pas dévier par rapport á la structure du rongorongo d’origine. 

 

 Voici un exemple de leur travail :

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Quelques indications sur le Centre d’Etudes de l’Ile de Pâques et de la Polynésie de Paris CEIPP

 

 

 

          Le CEIPP est une association loi 1901,  qui travaille honoris causa sur la culture polynésienne et en particulier sur la proto-écriture rongorongo.  L’association comprend des scientifiques, des collectionneurs de documents, des chercheurs et  des techniciens. Tous sont animés par le souci de l’exactitude dans les recherches.  Son président est Monsieur Jack Maloigne, ingénieur chimiste et archéologue. Je viens de mettre en ligne une page qu’il vient d’écrire sur le journal de Roggeveen.

 

Notre Président d’honneur le Professeur Dausset, qui obtint le Prix Nobel sur le HLA.

Nous avons le souci de la précision et de la vérité.

        Le CEIPP a édité un  livre  encore en vente : les Mystères résolus de l’Île de Pâques : 20  Euros

C’est un ouvrage de référence pour tous ceux qui désirent se documenter sur l’Ile de Pàques.

 

 parution_ceipp.jpg  Pour le commander  lorena@rongo-rongo.com 

 

 

Note de l’auteur :  Ces pages sur la linguistique  ne sont pas destinée à porter un regard critique sur les approches du rongorongo durant plus d’un siècle  mais à faire un bilan, à connaître les publications et ce qui fut fait en bien et en moins bien, afin que la recherche continue pour le bien des Pascuans et des Musées détenteurs des tablettes ou autre objets avec écriture rongorongo.

 

Chacun  des collègues de Lorena Bettocchi peut écrire ses observations directement à  lorena@rongo-rongo.com. Ces observations si elles sont justifiées seront publiées.

Le Creusot – France   mai 2008

 

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