TRADITION ORALE

RONGO

CHANTS

Ce fut le père Sébastien Englert, missionnaire à RAPA NUI  (1885 –1969)  qui consacra une partie de sa vie  à noter ce que les natifs s’étaient transmis oralement durant des siècles et des siècles.

Histoire, migrations,  légendes  et coutumes

            Les chants  ou RONGO,  exprimés en langue RAPA NUI ancienne nous apparaissent comme de véritables poésies. J’en ai restructuré la présentation, selon ma perception de la langue ancienne, comme Lukas Pakarati me l’avait enseigné. Les RONGO contiennent leurs secrets :    ils démontrent la manière de nommer les toponymes, la façon de conter les choses, les répétitions pour la beauté du chant.

Les statisticiens qui travaillent sur le rongo avec force graphiques se régaleront certainement.  Ils y rencontreront les règles du rongo que j’ai utilisées lors de l’étude des chants d’Ure Vae Iko.

 HOTU MATU’A

ARIKI RAPA NUI

Te kai-nga  o Hotu Matu’a

            O Hiva te ingoa,

            Te ingoa Maori

Ingoa nui-nui.

Te kona noho

O  te Ariki Hotu Matu’a

Hiva, « Marae Renga »

Te matu’a o Hotu Matu’a

Ko Taane Arai.

 

Ko Hotu Matu’a te poki 

I haka ariki !

Te vi’e a Hotu Matua

            Vakai A’Heva.

Te taina tama-hahine o Hotu Matu’a

Ava  Rei Pua.

Te  kona noho o te Ariki tama-hahine

O’Ava Rei Pua, « Marae Tohia ».

 

He û i, te Ariki,

Ku ngaroā  te kai-nga  ki te vai kava.

Tai u’a  he ngaro !

He pae te mahingo !

He ma-mate te tangata !

Te vi’e, te poki, te korohua !

He oho mai te tangata  ko Hau Maka, Ariki.

He  moe i te pō.

Hau Maka he huaru !

He oho mai te kuhane

He tomo a te motu

Te kuhane o Hau Maka !

He û i Hau Maka ko te motu.

He ki te kuhane o Hau Maka

He  nape te ingoa o te motu :

« Ko nga kope tu  - tu vai  

A te Taana,

A Hau Maka 

A hiva ».

He oho mai te kuhane a te aro era.

He tomo ki uta te kari-kari.

He û i ko te pú mahore.

A  Hau Maka he oho te kuhane

O Hau Maka ki runga.

He tike’a te rano :

« Ko te Poko uri

A Hau Maka

A Hiva ».

He oho mai te kuhane a te aro era

            He  ra-rarama-a

            I te ma-ara mo tomo ki uta

            O’Hotu Matu’a.

He oho a te aro era,

            He tikea te kore,

            He rei hai va’e

            He hati te kohe

He ki te kuhane o Hau Maka :

« Ko te hatinga  i te kohe

A Hau Maka

A Hiva ».

He oho, he tu’u ki Poike.

He vari ki te aro nei.

He oho mai a te aro nei

He tu’u ki Taharoa.

He ki te kuhane O Hau Maka :

« I ana nei te ma-ara te Ariki ! »

He oho mai,  he tu ki Hanga Hoonu.

He tikea te one omu’a o te hanga,

He kî haka’ou :

« I ana nei te ma’ara o te Ariki Hotu Matu’a ».

He oho mai, he tu’u  ki te Ovahe,

            He tikea te one

                               One ura ura,

            He vari mai ki Ana-kena

            He  tikea te one

He kî Hau Maka :

« I ana nei te maara nui-nui

Te hanga  nui-nui

Mo tomo te Ariki Hotu Matu’a ».

                                   

He ngaro ki Hiva, he veri-veri, he ara, he ā, he koa.

He uî mai te tangata, te ingoa Ko Ira  a Hau Maka :

-  Pe hé  ko he ā ena ? 

He kî Hau Maka :

- E ara nō ana o koe ? 

He ki mai  a Ira :

- He aha koe he ā ena ? 

He Ki Hau Maka :

-  E kainga i roto te raa, i runga !

Ka oho korua, ka ûi te kai-nga mo noho

O te ariki Hotu Mauta !

                                   

La traduction que je vous propose ne pourrait être fidèle que si la poésie était respectée. J’ai donc une lourde tâche.  Mon interprétation est  différente de toutes les traductions que nous pouvons trouver dans d’autres  ouvrages ou  sites du Web. J’essaie de vous faire partager la trame du récit de l’ancien Arturo Te Ao lequel de  par son baptême, avait  un prénom chrétien. Mais son nom en langue RAPA NUI    signifiait   « Celui qui détient le  sceptre ». Arturo Te Ao  était donc un initié et  un chef de famille ancestrale.

Ce RONGO raconte que la terre natale du roi Hotu Matu’a se nomme Hiva, que ce nom est Maori et que sa renommé est grande. Hotu Matu’a naît à Hiva dans un magnifique temple (Marae) car son père est  le Roi Taane.

L’enfant Hotu Matu’a devient roi à son tour et prend pour femme Vakai A’Heva.

La sœur de Hotu Matu’a,  nommée Ava Rei Pua est née dans un autre temple, le Marae Tohia.

Et puis  un énorme  raz-de-marée inonde les terres du roi Hotu Matua.

Les familles sont décimées.

Hommes, femmes et enfants  perdent  la vie. Ainsi que les anciens.

 Fin de la première partie qui situe l’ancêtre Hotu Matua et sa famille. Il est donc Prince, marié,  né  à Hiva en pays Maori. La tradition orale nous transporte aux Îles Marquises ou Terres des Hommes, là où se trouve Hiva. Une grande catastrophe a eu lieu.  Et l’ancien Arture Te Ao continue :

Un chef nommé Hau Maka  rejoint  la tribu d’Hotu Matu’a.

Et dans la nuit, alors qu’il dort, son esprit  s’envole jusqu’ici.

Le rêve  de Hau Maka est prémonitoire. Il visite en rêve Rapa Nui, donne des noms aux endroits qu’il survole et reconnaît des criques propices à l’accostage des pirogues.

En songe, son esprit survole les  îlots et  Hau Maka leur donne un nom : « Les adolescents dressés sur  l’eau,  fils de Taanga, Neveux de Hau Maka venu de  Hiva ».

Son esprit passe par-dessus le volcan, voit ses yeux, ses lacs d’eau douce où nagent les  petits poissons Mahore. Et l’esprit de Hau Maka  les nomme ainsi : « Les lacs obscurs de Hau Maka venu  de Hiva ».

Puis il voyage de ce côté ci, cherche une crique où Hotu Matu’a pourrait débarquer.

Sur le chemin il trouve un plant de kohe. Il veut le cueillir mais il se brise. Et l’esprit de Hau Maka nomme ainsi le lieu : « Où Hau Maka venu de Hiva, rompt la plante de kohe ».

Il arrive à la péninsule du Poike, observe la côte  de  toutes parts jusqu’à Taharoa. Et l’esprit de Hau Maka pense : « Voici une crique pour Hotu Matua »

Et puis il s’en va jusqu’à Hanga Hoonu, ‘La Baie des Tortues’. Et l’esprit de Hau Maka pense  encore : « Oui, voici un lieu bien calme, où il pourrait jeter l'ancre ».

Comme il  visite  Ovahe il  trouve le sable coloré.

Et  enfin à Anakena une plage de sable, une large baie :  « C’est bien ici, le meilleur endroit,  pour le débarquement du Roi Hotu Matua ».

La suite du récit nous raconte le réveil de Hau Maka et comment il fait partager son rêve prémonitoire.

L’esprit de Hau Maka revient sur Hiva. Hau Maka sursaute et se réveille en poussant un cri de soulagement ! Un  homme nommé Ira le questionne :
 - Pourquoi cette exclamation ? »

Hau Maka lui répond :

- Etais-tu donc éveillé ? 

- Naturellement ! répond Ira  - Je l’étais depuis un certain temps ! Que s’est-il passé ? Pourquoi as-tu crié ainsi ? »

 

Et Hau Maka  annonce la  révélation  :

 

« Une île sous la lumière,

Une terre intérieure !

Oui, partez !  Tous !

Car j’ai eu la vision d’une terre

Où le Roi Hotu Matua vous guidera !».

Il s’agissait de Rapa Nui et de  la plage d’Anakena.

***

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